Attaque navale russe en mer d’Azov : lettre au Président de la République

Lettre au Président de la République, Emmanuel Macron

Monsieur le Président,

Les graves événements qui se sont déroulés en mer d’Azov, dans le détroit de Kertch, suscitent un émoi et une indignation profonde au sein de la communauté ukrainienne en France.

Une nouvelle fois, nous constatons que la Russie se soustrait au droit international et bafoue un traité la liant à l’Ukraine. La Fédération de Russie n’honore pas ses engagements et ne répond pas aux attentes occidentales, ne serait-ce que par la libération des prisonniers politiques ukrainiens illégalement détenus en Russie et en Crimée. Au contraire, elle continue à provoquer la communauté internationale et poursuit ses agissements bellicistes.

Nous ne doutons pas que la diplomatie française soutienne, sans réserve, l’intégrité et la souveraineté de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. Vus les événements récents et l’escalade en cours, un signal clair et une ferme condamnation internationale nous paraissent devoir s’imposer, notamment celle, unanime, de l’Union Européenne.

En vous remerciant pour votre attention et votre soutien, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de notre très haute considération.

Bohdan Bilot

Président de l’Union des Ukrainiens de France

Lettre ouverte à France 2 suite à la désignation de la Crimée comme territoire russe

 Paris, le 18 octobre 2018

A l’attention des membres de la rédaction du 20 H de France 2

Tandis que le journal télévisé de France 2 du 17 octobre à 20H00 se déroulait de la façon qui lui est coutumière, c’est à dire satisfaisante, Madame Anne Sophie Lapix, nous relatant un attentat meurtrier qui s’est produit en Crimée, a cru bon d’ajouter « en Russie ».

Il nous paraît essentiel de rappeler à Madame Lapix ainsi qu’à la rédaction du journal de France 2 des faits bien connus : en vertu du droit international, l’ONU n’a pas reconnu l’annexion illégale de la République autonome de Crimée, partie intégrante de l’Ukraine. De même, l’ONU ne reconnaît pas la validité du pseudo référendum organisé par Moscou quelques jours après l’invasion.

L’Union européenne, pour ces mêmes motifs, a prononcé des sanctions économiques à l’encontre de la Russie. Il est étonnant qu’une journaliste présentatrice d’un journal télévisé diffusé aux heures de grande écoute ignore ou ne tienne pas compte de ces réalités.

Il est incompréhensible qu’une chaîne du service public ne vérifie pas ses informations et s’aligne sur le point de vue de chaînes parrainées par des pays où la démocratie et la liberté de la presse sont loin d’être les vertus principales.

Bohdan Bilot

Président de l’Union des Ukrainiens de France

 
 

 

Réponse de l’Élysée concernant Roman Souchtchenko

L’Union des Ukrainiens de France, dans un courrier adressé au Président de la République française, Emmanuel Macron, attirait son attention sur le sort réservé au journaliste ukrainien Roman Souchtchenko. Celui-ci est détenu illégalement en Russie après avoir a été abusivement condamné à 12 ans de réclusion. Roman Souchtchenko était correspondant à Paris de l’agence de presse Ukrinform.

L’Union des Ukrainiens de France demandait sa libération immédiate ainsi que celle de 70 autres prisonniers politiques ukrainiens tout aussi illégalement détenus en Russie et en Crimée occupée. Le 4 octobre 2018, l’Élysée accuse réception de notre courrier et nous assure que le Président, Emmanuel Macron, a bien pris connaissance de l’inquiétude que nous éprouvons à l’égard de ces détentions.

Nous espérons que le Président de la République Française saura user de toute son influence auprès de la Russie pour contribuer à la libération de tous les prisonniers ukrainiens illégalement détenus tant en Russie qu’en Crimée occupée.

Levée des sanctions contre la Russie au Conseil de l’Europe : lettre à Mme Gries-Trisse

Le 26 septembre 2018, l’Union des Ukrainiens de France a adressé un courrier à madame Nicole Gries-Trisse (vice-présidente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et présidente de la délégation française) pour lui faire part des très vives inquiétudes qu’elle éprouve quant à l’éventualité de la levée des sanctions à l’encontre de la Fédération de Russie.

Tandis que le multilatéralisme est fortement remis en question au niveau international, les tendances centrifuges européennes sont instrumentalisées par la Russie. La restauration des droits de cette dernière, au sein du Conseil de l’Europe, ne manquera pas d’avoir des répercussions négatives et serait un premier pas vers la levée des sanctions qui lui ont été imposées à d’autres niveaux. Voici pourquoi.

L’Union européenne a réprimé l’annexion militaire illégale de la Crimée ukrainienne par des sanctions économiques qui sont régulièrement renouvelées.

Nous constatons que les accords de Minsk, visant à mettre un terme à la guerre russo-ukrainienne, ne sont pas appliqués.

Nous constatons que la Russie persiste à nier sa présence militaire dans l’est de l’Ukraine ainsi que toute implication dans un conflit qui perdure et qui a fait plus de 10 000 victimes parmi les civils et militaires ukrainiens.

Nous observons un non respect flagrant des Droits de l’Homme en Russie : la dictature du Kremlin détient illégalement sur son territoire des dizaines de prisonniers politiques ukrainiens, parmi lesquels le plus connu est Oleh Sentsov. Les jugements et condamnations prononcés à l’encontre de ces Ukrainiens confirment la renaissance d’une époque que l’on espérait révolue.

Dans une liste qu’il est difficile de rendre exhaustive, nous évoquons en outre la montée en puissance des manœuvres de cyber-déstabilisation, les scandaleux dopages d’athlètes russes organisés par un système d’État, les assassinats de personnalités et de journalistes d’opposition tant en Russie qu’en territoires étrangers, etc.

Ainsi, quels efforts ont été accomplis par la Fédération de Russie pour mériter une levée des sanctions dont elle fait l’objet ?

Nous espérons que la délégation française au sein du Conseil de l’Europe sera véritablement consciente des faits que nous avons décrits et qu’elle en tiendra compte lors des prochains débats et au moment du vote.