Chaque jour de nouveaux crimes de guerre sont commis par l’armée russe. Le 4 août 2022, à Popasna dans l’oblast de Louhansk, on découvre les têtes empalées de soldats ukrainiens. Le même jour, Amnesty International publie un très bref rapport : l’essentiel du texte reproche à l’armée ukrainienne de mettre sa population en danger, tandis que les bombardements russes visant systématiquement les civils sont à peine évoqués. Sans surprise, ce « rapport » a été salué par les autorités russes et leurs complices en France et en Europe. Le collectif Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !, l’Union des Ukrainiens de France et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme s’indignent devant pareille mascarade intellectuelle et demandent à Amnesty International de retirer son rapport.
La prétendue neutralité d’Amnesty International confine à la mascarade intellectuelle
Au nom d’une prétendue neutralité, le rapport d’Amnesty International fait comme si les deux belligérants s’affrontaient en terrain neutre. Or, nous avons affaire à une guerre d’agression caractérisée, qui contraint l’armée ukrainienne à combattre à l’intérieur des villes, systématiquement ciblées par l’agresseur qui entend procéder à leur destruction. La politique de terreur de l’armée russe – bombardement des hôpitaux et immeubles d’habitation, viols, déportation des enfants, tortures et massacres des prisonniers -, rencontre inévitablement une résistance dans laquelle sont engagés, souvent indistinctement, civils et militaires.
Le rapport d’Amnesty sème le doute sur les crimes de guerre russes.
Ce contexte – la violation brutale et flagrante du droit international que constitue l’invasion russe de l’Ukraine – est absent du rapport, où rien ne distingue l’agresseur de l’agressé. C’est d’autant plus regrettable que la réalité des crimes de guerre russes à Marioupol a été constatée par Amnesty International dans un rapport antérieur. Pire, le dernier communiqué en vient à semer le doute sur les crimes de guerre russes envers les civils ukrainiens, documentés préalablement.
Si la « neutralité » dont se prévaut Amnesty a, jusqu’ici, assuré sa crédibilité dans la défense des droits humains, l’impartialité ne peut se réduire à l’équation « 5 minutes pour les victimes, 5 minutes pour les agresseurs » ; sauf à se transformer en indifférence à l’égard de la tragédie des peuples et en aveuglement désastreux face à cette guerre qui oppose une démocratie à une dictature totalitaire.
Un aveuglement qui nuit à la crédibilité d’Amnesty International
Le communiqué du 4 août est indigne des missions d’Amnesty et de la défense des droits humains. La démission d’Oksana Pokalchuk, directrice de la branche ukrainienne d’Amnesty, aurait dû être un avertissement. Hélas, le lendemain, par la voix de sa directrice internationale, Agnès Callamard sur Twitter, l’ONG persiste dans sa position et récuse les critiques que lui adressent les Ukrainiens. Le 7 août, face à une vague massive de condamnations, Amnesty « maintient ses conclusions » tout en « regrettant » leur effet en Ukraine.
Ces « regrets » opportunistes ne suffisent pas ! Comme elle l’a fait antérieurement (en désavouant sa décision erronée de retirer son statut de prisonnier de conscience au dissident russe, Alexeï Navalny), Amnesty International doit se ressaisir et rejeter cette malheureuse caricature d’elle-même. Sa crédibilité est en jeu.
8 août 2022
À propos du Collectif Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !
Créé par 130 universitaires rejoints par de nombreux partisans et partisanes de la cause ukrainienne, le Collectif publie des tribunes et mène des actions en soutien à la cause de l’Ukraine. Campagne en cours : « Il faut sauver les enfants ukrainiens déportés en Russie ».
A propos de l’Union des Ukrainiens de France
La plus importante association ukrainienne en France, crée en 1949 par les Ukrainiens déportés dans les camps de travail ou à Sachsenhausen, par les nazis. L’UUF a récemment, du 15 au 31 juillet, pris en charge et accueilli 10 orphelins de la guerre en Ukraine, dans son centre de vacances en Franche Comté.
À propos de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme
La Licra, fondée en 1927, combat le racisme et l’antisémitisme en accompagnant les victimes devant les tribunaux, en intervenant de diverses manières dans le débat contemporain, le crime contre l’humanité, tel celui dont le processus est aujourd’hui engagé en Ukraine, étant un élément central de ce débat.