Hongrie et Ukraine : une querelle de passeports qui donne du grain à moudre au Kremlin

La détestable atmosphère qui règne dans les relations entre l’Ukraine et la Hongrie n’augure rien de bon, ni pour les deux États, ni pour l’Union Européenne. En revanche, cette ambiance ne peut que réjouir le Kremlin qui, à l’évidence, agit en sous main.

Depuis plusieurs mois, le consulat de Hongrie à Berehovo délivre des passeports aux Ukrainiens de la minorité hongroise de la région ukrainienne de Transcarpatie. La législation ukrainienne ne reconnaissant pas la double nationalité, la délivrance de passeports hongrois à des citoyens ukrainiens est indubitablement un encouragement au non respect de la loi. Mais, plus grave encore, cette remise de passeports est accompagnée d’un serment de fidélité à la Hongrie. Pour couronner le tout, verre de champagne à la main, il est recommandé de ne rien révéler aux autorités ukrainiennes. Des événements identiques se sont déroulés en Slovaquie, qui ne reconnaît pas non plus la double nationalité. Les autorités slovaques ont immédiatement réagi en prononçant, à l’endroit des intéressés, la déchéance de la nationalité slovaque.

L’Ukraine n’a pas adopté cette solution et a demandé le rappel du Consul hongrois de Berehovo, assorti d’une expulsion si un délai d’une semaine n’était pas respecté. En représailles, le gouvernement de Viktor Orban a expulsé le premier secrétaire de l’ambassade d’Ukraine à Budapest.

S’il est vrai que la Hongrie agit de la même façon avec les minorités hongroises de Roumanie et de Serbie, en Ukraine, la délivrance illégale de passeports rappelle les agissements russes en Crimée avant l’annexion. Peut-être subsistent aussi les souvenirs de l’annexion, en mars 1939, de la Transcarpatie par les Hongrois alors alliés de l’Allemagne nazie.

Afin de couper court à toutes justifications de ces agissements « pour protéger les Hongrois », le parti libéral hongrois rappelle que les agressions dont ont été victimes des membres de la minorité hongroise en Ukraine sont le fait de groupes de provocateurs pro-russes et non de « nationalistes ukrainiens ».

L’UUF demande la libération de tous les prisonniers politiques ukrainiens enfermés en Russie

— COMMUNIQUÉ —

L’UNION DES UKRAINIENS DE FRANCE DEMANDE LA LIBÉRATION DE TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES UKRAINIENS ILLÉGALEMENT DÉTENUS EN RUSSIE

Le 30 septembre dernier, l’Union des Ukrainiens de France a organisé une troisième manifestation pour exprimer son soutien à Roman Souchtchenko et à tous les prisonniers politiques ukrainiens détenus illégalement en Russie et en Crimée occupée.

Le choix de la date et du lieu de la manifestation ne doivent rien au hasard. En effet, le 30 septembre 2016, lors d’un voyage privé, le journaliste ukrainien Roman Souchtchenko était arrêté à Moscou et disparaissait totalement de la circulation. Le choix du Parvis des Droits de l’Homme à Paris – ville lumière et capitale du pays des Droits de l’Homme – s’imposait pour exprimer notre protestation et notre profonde indignation.

Avant son arrestation, Roman Souchtchenko avait travaillé six ans en tant que correspondant de l’agence de presse Ukrinform à Paris. Il couvrait, entre autres, l’actualité relative à tous les événements diplomatiques.

Roman Souchtchenko a été accusé d’espionnage au profit de l’Ukraine et condamné à douze années de détention en régime sévère. Tous les recours juridiques ayant été employés à la suite de ce procès ubuesque, seul subsiste l’espoir d’un échange éventuel. Tels sont les faits rapportés par le Président de l’Union des Ukrainiens de France lorsqu’il a pris la parole au Trocadéro. Ce dernier s’est par ailleurs étonné du peu de réactivité des journalistes français et a fustigé l’attitude de Monsieur Taddeï, qui a déclaré ne pas être gêné de travailler pour RT et d’être payé par Poutine, dictateur dont on connaît les agissements à l’encontre des journalistes qui osent faire leur travail. Tandis qu’en France, les officines du FSB œuvrent sans trop de contraintes, en Russie l’information est totalement muselée et instrumentalisée, et les journalistes indociles assassinés ou détenus arbitrairement.

Lors de la manifestation, un représentant du mouvement démocratique chinois s’est prononcé fermement contre l’annexion de la Crimée tout en se déclarant totalement solidaire de la manifestation. Puis, un porte parole kazakh, membre actif de l’action de la protestation continue face à l’ambassade de Russie en soutien à Oleh Sentsov, a exprimé un soutien sans faille. Il a été suivi par une porte parole ouzbek et monsieur Victor Feinberg, Juif de Crimée. Enfin, monsieur Wassyl Hatsko, du parti ukrainien Demalliance, a attiré notre attention sur le fait que les manifestations organisées par la diaspora généraient un écho ressenti en Ukraine.

La Russie détient illégalement 70 prisonniers ukrainiens. Ils ont eu à subir les verdicts d’une justice stalinienne caractérisée par de fallacieuses accusations, ce qui nous remémore un temps que l’on pensait révolu.

Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, la France fait partie du groupe diplomatique dit « Format Normandie » (auquel appartiennent également l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine). A ce titre, notre pays dispose de moyens privilégiés pour exercer son influence sur les négociations qui concernent les prisonniers politiques ukrainiens. Parmi ces derniers, le cinéaste ukrainien Oleh Sentsov est le plus connu et a bénéficié d’un important mouvement de solidarité. La Mairie de Paris lui a, récemment, accordé le titre de citoyen d’honneur.

L’Union des Ukrainiens de France, fidèle à la devise qu’elle prône depuis bientôt 70 ans, « LIBERTÉ AUX PEUPLES, LIBERTÉ AUX PERSONNES », appelle les citoyens français, et plus particulièrement les journalistes, à exprimer leur solidarité afin d’obtenir, à brève échéance, la libération de tous ces prisonniers politiques.